Analyse : Répression meurtrière chinoise : Et si le Dalaï Lama imitait le Mahatma Gandhî ?
Le chef spirituel du Tibet en exil, le Dalaï Lama exhorte ses fidèles à une réponse non violente face à la répression meurtrière chinoise des manifestations contre la politique l’empire du Milieu qui secouent l’Himalaya depuis plusieurs semaines et particulièrement depuis lundi dernier.
De son côté, Pékin, pète de trouille à l’idée que des moinillons viennent troubler sur la scène internationale les préparatifs des JO, cinq mois avant leur ouverture, et alors que la flamme olympique doit traverser le Tibet. Tant pis, c’est fait.
Selon le gouvernement tibétain en exil, il y aurait eu 80 morts depuis vendredi à Lhassa, la capitale du Tibet, tandis que la révolte s’est étendue aux provinces du Sichuan et du Gansu. Le TCHRD (Tibetan Centre for Human Right and Democracy) affirme ce dimanche que huit corps ont été ramenés au monastère de Ngaba Kirti après une manifestation sanglante dans ce comté de la province du Sichuan. Des témoins ont rapporté que 30 tibétains, au moins, étaient à terre, blessés ou morts après des tirs des forces de l’ordre.
Le Dalaï Lama a demandé l’ouverture d’une enquête internationale sur l’attitude de Pékin qui se livre, selon lui, à un « génocide culturel ». Depuis Dharamsala, siège du gouvernement tibétain en Inde, le chef spirituel a néanmoins continué à prôner la non-violence vis-à-vis des émeutiers et des autorités chinoises. Devant la tournure que prennent les évènements, les Etats-Unis, et d’autres pays, ont appelé Pékin à faire preuve de « « retenue » dans cette affaire.
« Sit in » devant les blindés chinois
Reste que le Dalaï Lama pourrait frapper l’opinion internationale un grand coup. Il suffirait pour cela qu’il suive l’exemple de Gandhî et vienne faire un « sit in » devant les blindés de l’armée chinoise accompagné de quelque milliers de partisans.
Rappelons que, grâce à cette tactique d’une beauté et d’un panache incroyable, magique, le Mahatma Gandhî a réussi l’impensable exploit de faire décarrer les anglais de son pays au siècle dernier.
La population chinoise, maintenue savamment dans une ignorance totale sur ce qui se passe au Tibet, aurait peut-être alors les idées plus claires, estime un expert de la région.
Le pari semble risqué. Peut-être. Une balle perdue pourrait ravir le chef spirituel à l’affection des tibétains. Sans doute. Mais d’un autre côté, le Dalaï Lama regarde la mort avec une certaine distance. Son martyr aurait une répercussion… planétaire.
Certes, les chinois mettraient en avant « leur » Panchen Lama (deuxième chef spirituel, cf detoxinfo.fr du 14/02/2008). Ils mettraient ainsi de l’huile sur le feu des émeutes et couvriraient de honte « leur » JO, à court terme, et ce qui reste de leur crédibilité politique, à plus longue échéance.
Mais sauver tout un peuple et sa philosophie ancestrale mérite-t-il de plomber les relations commerciales avec la Chine ? La question doit être posée au concert des nations séance tenante.
Achille, avec Blondin, correspondant Asie Pacifique et GH à Washington pour detoxinfo.fr