Fanny Mae et Freddy Mac : Quand l'ultra-libéralisme renationalise...

Publié le par Achille

Ceci est la une du 11 septembre de www.detoxinfo.fr, premier journal d'informations satiriques et d'Opinions sans pub du web.

Il est communément admis qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent  pas d'idée. C'est sans doute fort de cet adage que les États-Unis, chantre de l'ultra-libéralisme et grand modèle de la France sarkozyenne, coincé par le chaos planétaire des subprimes, a décidé de... nationaliser les deux géants américains du refinancement du crédit immobilier, Fannie Mae et Freddie Mac. L'affaire ne serait pas si tragique pour des dizaines de milliers de pauvres gens spoliés de leur logement, qu'on s'en étoufferait de rire.

Même si le montage est présenté comme "temporaire", le trésor yankee va se retrouver détenteur de 79% du capital social de ces deux institutions passées depuis belle lurette dans le secteur privé, un peu comme si Christine Lagarde demandait à l'État français de racheter la BNP ou la Société générale.

Certes, des économistes saluent le "pragmatisme" des autorités américaines mais on risque  quand même de se retrouver ici dans un schéma qui va transformer peu ou prou Fannie et Freddie en une sorte de Caisse des Dépôts à la française, (NDLR: qui intervient au nom de la France en cas de pépin sur les marchés). Le système français faisait, jusqu'à présent, rigoler doucement les argentiers outre-Atlantique.

C'est, à priori, le monde à l'envers dans la patrie de la libre entreprise qui n'a jamais eu de mots assez forts pour vanter la déréglementation. Sauf que ce type de pratiques, poussées à l'extrême a fini par créer des monstres financiers, aux fonctionnements incompréhensibles, qui au premier coup de vent se sont retrouvés les quatre fers en l'air.

En l'espèce et en simplifiant, les banques ont prêté à tour de bras de l'argent à des particuliers ou des entreprises fragiles ou insolvables, se sont elles-mêmes retrouvées dans des situations critiques ont cherché à se refinancer les unes les autres mais dans un climat de défiance absolu. Au final, les sommes perdues atteignent des montants colossaux. Selon le FMI (Fonds monétaire international) , il s'agirait de près de 950 milliards de dollars mais la note pourrait dépasser les 1.000 milliards voire les 1.500 milliards...

Les deux victimes au chevet desquelles se penche  la Grande Amérique sont emblématiques. Fannie Mae (Federal National Mortgage Association) est issue de l'agence publique National Mortgage Association of Washington créée en 1938. Fannie Mae a été introduite en Bourse trente ans plus tard. Freddie Mac (Federal Home Loan Mortgage Corporation (Freddie Mac) a été créée en 1970 et est en Bourse depuis 1989.

De 1995 à 2007, les deux géants ont prospéré coquettement, voyant leurs chiffres d'affaires croître en moyenne de 11 % par an. Cela se gâte en 2004. Les comptes de Fannie font l'objet d'une enquête. La société devra les "nettoyer" de 6,3 milliards de dollars en 2006. Accusés de manipulations pour augmenter leurs bonus et évincés, ses trois principaux dirigeants paient 100 millions de dollars d'amende. En 2006,  Freddie paie 3,8 milliards de dollars pour lobbying illégal. Les bénéficiaires de ses faveurs étaient surtout des membres de la commission immobilière de la Chambre.

En novembre 2007, Freddie Mac annonce 2 milliards de dollars (1,39 milliard d'euros) de perte au 3e trimestre et fait face à une baisse de son portefeuille de plus de 8 milliards. Ses capitaux propres respectent à peine le niveau réglementaire. Une recapitalisation est jugée inévitable. Les deux titres perdent plus de 25 % en un jour. En mars 2008,  pour stabiliser les marchés financiers et enrayer la dégringolade de l'immobilier, le Trésor autorise les deux géants à réduire d'un tiers les capitaux qu'ils doivent mettre face à leurs engagements.

Puis cela s'accélère : fin juillet,  George Bush signe un plan de sauvegarde de l'immobilier négocié avec le Congrès. Fannie et Freddie sont placés sous l'autorité d'un nouvel organisme de contrôle aux pouvoirs renforcés. Fin août Freddie et Fannie ont perdu respectivement  95 % et 92% de leur valeur en Bourse.

Le montant nécessaire à leur sauvetage n'est pas précisé. On parle de 40 milliards de dollars jusqu'à 200 milliards (139 milliards d'euros). On en tremble comme James Lockhart, le patron de la Federal Housing Finance Agency (FHFA), lors de sa prise sous tutelle de  Fannie et Freddie.

Le Trésor va racheter jusqu'à 100 milliards de dollars de la dette préférentielle de chacun des deux géants. Pire, les États-Unis s'engagent à acquérir des titres subprimes détenus par Fannie et Freddie, tenez-vous bien : sans limite dans le temps ni en volume.

Une revanche du public sur le privé que va payer très cher le contribuable. C'est beau le libéralisme.

detoxinfo.fr

Publié dans economie

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