Ballon rond, provocation, récupération

Publié le par Achille

Encore l'unité nationale à la rescousse. Les valeurs de la France cimentent autour de l'anxiété issue des périodes incertaines qui pointent leur nez avec la crise. 80% des français se disent choqués des sifflets qui ont accompagné l'interprétation de la Marseillaise au Stade de France rempli pour la rencontre France-Tunisie.

Ce ne fût pourtant pas une surprise. L'hymne national avait déjà été conspué en 2001 (France-Algérie), en 2007 (France-Maroc) et les Corses avaient donné de la bouche en 2002 lors de la finale de la Coupe de de France Lorient-Bastia.

La chanteuse franco-tunisienne Lam - judicieusement choisie pour pousser le refrain de Rouget de l'Isle sur une partition de discrimination positive -  reconnait du reste avoir été prévenue par les huiles footbalistiques, qui sans trop se fatiguer sur la boule de cristal, craignaient un bis repetitae. A raison.

Chirac avait, en son temps avec une grandeur présidentielle, quitté les lieux "sportifs" aux premiers lazzis. Il avait non seulement fait la bonne chose mais cela lui avait été comptabilisé positivement par l'opinion.

Chichi avait, en quelque sorte, récupéré à son actif une provocation aux objectifs plus ou moins bien bordés où se mêlaient positionnement identitaire et/ou religieux, opposition banlieue/autorité républicaine. Les auteurs oubliant au passage que la Marseillaise est un chant...révolutionnaire.

La Sarkozye, elle, est moins majestueuse dans sa réaction mais tout aussi récupératrice. L'omniprésident, absent du stade au moment des faits, convoque le président de la Fédération de football, Jean-Pierre Escalettes, déjà bancal en raison de la méforme des Bleus.

A la suite de cette entrevue elyséenne, Roselyne Bachelot, la ministre des sports, a annoncé la sentence. Tout match avant lequel la Marseillaise serait sifflée sera "immédiatement arrêté et les ministres présents quitteront le stade. C'est le contraire qui eût été étonnant.

Au surplus, la sémillante Roselyne a estimé qu'il n'y aurait plus "de matches amicaux avec les pays responsables, avec les pays concernés, pendant une période" à déterminer avec la Fédération.  Pour Escalettes, l'annulation des matches nécessitera des "garanties sécuritaires". Mais l'Etat dit vouloir assumer, la main patriotique sur le coeur...

De fait, à qui profite le plus ce genre de péripéties? A un gouvernement qui se précipite sur l'occasion pour resserrer les rangs autour du drapeau tricolore? A des Ayatollah de comptoirs qui se frottent les mains devant le résultat d'une agitation dont ils sont peu ou prou à l'origine?

Sûrement pas aux amateurs de ballon rond, de sport et d'efforts et de cohésion sociale. Mais cela il y a belle lurette que tout le monde s'en fout royalement.

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Publié dans sociologie

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